Yasmina Khadra
Hier, jeudi 18 septembre, sur France 5, l’émission "la grande librairie" présentait, entre autres auteurs, Yasmina Khadra. François Busnel, le présentateur, s’indignait que cet écrivain algérien soit complètement ignoré par la critique et qu’il n’ait jamais obtenu le moindre prix en France, alors même qu’il écrit en français et qu’il est traduit partout dans le monde. Ignoré est le terme exact : Télérama dans sa présentation de l’émission, se contente de citer Yasmina Khadra, alors les louanges sont pour tous les autres…
Je suggère de ne pas commencer comme moi par "à quoi rêvent les loups"… glaçant, mais plutôt par "l’attentat" d’une facture plus classique, style thriller américain, puis de lire les deux autres de la trilogie, "les sirènes de Bagdad" et "les hirondelles de Kaboul". Ce dernier est pour moi un chef d’œuvre par le sujet (brûlant d’actualité), la construction, le style et le ressort dramatique tiré de la réalité afghane ( la perte d’identité par la burqa ).
Ainsi rodé, le lecteur peut ensuite plonger dans les méandres arides de la vie algérienne en suivant le commissaire Llob dans ses enquêtes : les agneaux du seigneur et la part du mort, morituri, double blanc, l’automne des chimères, ces 4 dernières réunies aujourd’hui en un seul volume.
Yasmina Khadra est un écrivain super-doué, capable d’une époustouflante diversité (son dernier livre est un roman d’amour). Peut-être certains peuvent-ils lui reprocher ses fulgurances de langage un peu trop fréquentes qui manifestement lui font plaisir.
Il n’en demeure pas moins un écrivain important plongé dans son temps et dans un monde dont il est peut-être le seul à nous y faire entrer et à nous le faire comprendre de l’intérieur.
Yasmina Khadra est pour moi un nouveau Camus, qu’il reconnaît d’ailleurs comme son maître. A quand le prix Nobel ?
Jacques Losay
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